Mécontentement des personnels et des élus, exaspération devant la nonchalance de l'administration et l'opacité de ses choix : les CDEN (Comité Départementaux de l'Education Nationale) se suivent et se ressemblent...
Le 10 mars s’est tenu à la Préfecture de Digne-les-Bains le Comité Départemental de l’Éducation Nationale des Alpes de Haute-Provence consacré à la préparation de rentrée dans 1er degré. Le DASEN y a présenté la répartition des moyens établie par ses services avec ses conséquences en termes de fermeture et ouvertures de classes.
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Rarement projet de carte scolaire aura à ce point fait l’unanimité : représentants des maires et du Département, organisations syndicales, parents d’élèves ont tous voté contre d’un même mouvement !
Certes, même si l’administration accorde quelques moyens pour répondre à des besoins ciblés (inclusion, FLE…), la fermeture pour raisons dites « démographiques » de treize classes a du mal à passer. Comment s’en étonner quand on sait l’importance que revêt souvent le maintien d’une école pour l’attractivité d’une petite commune, quand on sait combien la qualité des apprentissages gagne à ne pas trop charger les classes ? Mais dans le fond, c’est plus une méthode qui a été contestée que les décisions en elles-mêmes – après tout, les services font sans doute ce qu’ils peuvent le plus honnêtement possible.
Une illusion de concertation
Le problème vient tout d’abord d’un mode de gestion uniquement comptable, avec comme un mantra la règle des « moyens constants ». Il n’y a là aucune réflexion « démographique », qui suppose une réflexion de fond sur l’évolution d’un territoire. Ainsi on fermera une classe ici, quitte à la rouvrir quelques mois après, sans vision à long terme, sans prise en compte des facteurs humains qui donnent dans chaque commune une réalité particulière aux chiffres que le DASEN déroule dans ses tableaux.
Ensuite c’est le fonctionnement du CDEN qui est en cause. Puisque l’administration n’entend aucun argument en dehors de ces principes de gestion, à quoi bon, quand on est enseignant, maire d’une commune ou représentant de parents, exposer la réalité de terrain, faire valoir l’expérience, mettre en avant une réflexion pédagogique ? De toute façon, quel que soit le résultat du vote, c’est la carte scolaire présentée par le DASEN qui est appliquée.
Sauf si – c’est anecdotique, mais révélateur – un Secrétaire d’État de passage impose brutalement aux représentants de l’État, qui obtempéreront au garde-à-vous, de revenir sur une fermeture de classe programmée, comme cela a été le cas pour l’École de Saint-Paul sur Ubaye. Tant mieux pour cette commune, mais il y a de quoi s’inquiéter quand notre fonctionnement « démocratique » reste finalement soumis au fait du prince…
Ukraine : pour accueillir des enfants réfugiés
En conclusion de ce CDEN, on notera que les organisations syndicales ont abordé la question d’actualité, tragique, de l’exode de familles ukrainiennes et de leur accueil dans les établissements de notre département. Scolariser ces élèves déplacés qui pourraient se présenter en grand nombre demandera en effet dans les écoles, collèges et lycées la mise en place ou le développement de dispositifs d’enseignement de Français Langue Étrangère. Sollicités sur ce point, notamment la capacité à mobiliser rapidement des personnels formés, les représentants de l’État s’en sont tenus à une réponse très évasive : de quoi redouter à nouveau les effets de l’impréparation chronique auquel notre ministère nous a habitués tout au long de la crise sanitaire.
Le Sgen-CFDT pour sa part restera vigilant sur cette question et continuera à solliciter l’administration afin qu’elle anticipe et mette en place des conditions d’accueil et d’intégration efficaces en faveur de ces enfants et de ces jeunes.