Digne-les-Bains, 5 décembre. Impressions de manif

La CFDT Éducation formation recherche publiques était présente le 5 décembre à Digne pour manifester avec nos camarades de l’UD04 et du syndicat Interco, et les 600 personnes rassemblées à l’appel de l’intersyndicale.

Premier temps fort : prises de paroles devant l’Inspection Académique. Les camarades d’autres OS, reprenant la position de l’intersyndicale, ont dénoncé les conséquences désastreuses des réformes annoncées ainsi que le climat délétère que le gouvernement installe autour des fonctionnaires.

Sentinelles de la cohésion sociale

Fabrice et Laurent, prise de parole devant la DSDEN Pour la CFDT, nous avons voulu rappeler qu’il ne faut pas se contenter de prêcher les convaincus mais qu’il faut faire comprendre largement, par tous les canaux, par tous les médias, que la défense des fonctionnaires est celle des services publics, et donc de tous les citoyens – usagers, parents d’élèves ; que l’enjeu est bien celui d’un véritable pouvoir de vivre ; que notre mobilisation fait de nous les sentinelles de la cohésion sociale.

Les agents de l’Éducation ont ensuite rejoint le cortège des toutes les fonctions publiques qui s’est dirigé vers la Préfecture. Une délégation composée de délégués des six OS impliquées a été reçue par le Préfet, ou plutôt, celui-ci ayant été « retenu », par sa directrice de cabinet.

Étrange confrontation que celles de citoyens engagés, conscients des menaces qui pèsent sur notre modèle social et partageant un même idéal de solidarité, avec une bonne petite soldate effacée derrière ses éléments de langage.

Un théâtre de l’absurde

Nous avons essayé. Essayé de faire comprendre combien pèserait sur des bas salaires la perte de 10% de salaire qu’entraînerait la réforme des congés maladies ; que faute d’effectifs et de moyens suffisants, les agents s’épuisent à maintenir pour leurs concitoyens la qualité de services que ceux-ci sont en droit d’attendre de l’État ; que l’exaspération des fonctionnaires de se voir dénigrés, diffamés, rabaissés, touche à la côte d’alerte. Sans succès. D’abord parce qu’en face on s’abrite bien au chaud derrière sa fonction de subalterne : c’est toujours « au-dessus » qu’on a le pouvoir de décision. Ensuite parce qu’on est rôdé à tout laisser glisser sans que ça laisse de traces, sans présenter la moindre aspérité à laquelle un interlocuteur pourrait s’accrocher. Et qu’on a pratiqué ce ton poli, impersonnel, monocorde qui permet de débiter tout et son contraire sans aucune implication personnelle. En face de telles personnes, Hugo, Jaurès, Louise Michel, Voltaire, Zola seraient impuissants…

– Nous comprenons votre ressenti – disait-elle d’une voix suave, mais nous vous assurons que l’État est attentif aux agents publics et se préoccupe de leur apporter les moyens et les effectifs nécessaires.

– Et les déclarations injurieuses du ministre Kasbarian – avons-nous répondu d’une voix moins suave, et la suppression de 4000 postes d’enseignants ?

– Justement, nous comprenons votre ressenti etc.

Pour clore ce dialogue à la Ionesco, j’ai tout de même fait remarquer qu’en tant que fonctionnaires, elle-même et tous les agents de la préfecture sont concernés par ces prochaines réformes ; que s’ils n’ont pas voulu se joindre au mouvement, qu’ils considèrent au moins que c’est pour eux également que nous faisons grève et renonçons à un jour de salaire. Et quand au moment de partir je lui ai donné un paquet de tracts CFDT, pour elle, son préfet et ses collègues, j’ai cru voir, piètre consolation, une vague gêne froisser un tout petit peu son expression lissée.

Avec de tels adversaires la lutte s’annonce dure. Restons en alerte, ne lâchons rien.