Depuis mars, on fait du bricolage !

De nombreux établissement des Alpes de Haute-Provence, de la maternelle au lycée, accueillent depuis le mois de mars des enfants ukrainiens. A la demande du Sgen-Cfdt, le Secrétaire général de la DSDEN a réuni le 31 mai dernier des représentants des organisations syndicales afin de faire un point su

On recensait fin mai 109 élèves ukrainiens accueillis dans le premier degré (30) au collège (38) et au lycée (39). Le Secrétaire général rappelle en premier lieu l’obligation de scolarisation et le cadre d’accueil national, expliquant qu’il a fallu dans l’urgence mettre sur pied des procédures et mobiliser des moyens. Ainsi les élèves inscrits dans les divers établissements bénéficient du soutien du service social de la DSDEN (demi-pension, matériel scolaire…). Sur le plan pédagogique, des documents bilingues d’information sur le système éducatif français sont mis en ligne à destination des familles, et des supports pédagogiques pour les professeurs. L’objectif est finalement que tous ces élèves soient affectés dans une classe.

Bricolage et insatisfaction

Mais cela ne suffit pas. Comment imaginer qu’un élève allophone nouvellement arrivé puisse s’intégrer avec profit si on ne peut lui proposer un enseignement de FLE-FLSco efficace et rationnel ? Il est illusoire de penser qu’il suffit à un enfant non francophone de rester assis dans une classe française pour qu’il acquière notre langue, par osmose ou par miracle. Comme pour n’importe quel apprentissage linguistique, il y a besoin de la médiation d’un professeur.

Or, en dehors des quelques établissements disposant déjà de dispositifs d’accueil, situés exclusivement à Digne et Manosque*, et de personnels formés, de nombreux collègues expriment leurs difficultés, voire leur désarroi. Ainsi ce professeur des écoles : deux sœurs accueillies en CE1 et CE2, pas de tablettes connectées pour exploiter des ressources en ligne, on doit recourir aux téléphones personnels ; il y a heureusement la bonne volonté d’une collègue d’une autre école qui fournit des séquences. Ce qui domine, c’est le sentiment de bricolage, c’est l’insatisfaction.

Éparpillement des moyens

Pourtant des moyens existent. 2 demi-postes créés dans le 1er degré : l’un d’eux est attribué à un personnel disponible de par sa situation individuelle, mais sans formation FLE. 120 HSE débloquées pour les établissements : on a recensé les professeurs formés disposés à donner un enseignement de FLE en sus de leur service, mais beaucoup attendent encore d’être sollicités ; d’ailleurs, sans défraiement, comment imaginer que ces enseignants se déplacent là où on a besoin d’eux ? Création d’une UPE2A « temporaire » à Borrely alors qu’il en existe déjà une pouvant accueillir encore des élèves : pourquoi ne pas déployer plutôt ces moyens sur une commune dépourvue d’un tel dispositif ? mais de toute façon, le poste n’a pas trouvé de candidat…

Certes, la configuration de notre département rural ne simplifie pas les choses. A part quelques communes où se rencontrent des effectifs importants (Manosque, Digne, Castellane) et où il est plus facile et moins coûteux de mettre en place un dispositif, les écoles et établissements sont souvent confrontés à accueillir des élèves isolés. C’est pourquoi, en s’appuyant sur l’expérience des personnels sur le terrain, il faut inventer des dispositifs adaptés à cette situation. Cela est d’autant plus nécessaire qu’après l’accueil en urgence de ce printemps se posera dès la rentrée la question d’une prise en charge sur le long terme.

Le FLE en question

Finalement, cette situation révèle les carences de l’enseignement de FLE-FLSco : insuffisance et inadaptation des moyens alloués, non-reconnaissance d’une discipline demandant une formation et des compétences spécifiques. La nécessité d’accueillir le mieux possible les enfants d’Ukraine « déplacés » fera peut-être évoluer l’approche de notre administration. Au bénéfice de tous les enfants que nous accueillons, quels que soient leur origine et leur statut.

 

*à Digne : UPE2A du collège Borrely et de l’école J. Reinach, LP Beau de Rochas ; à Manosque : collège Giono et Ecole internationale, écoles de La Ponsonne et des Plantiers, LP Martin Bret ; ouverture prévue à l’école de Malijai à la rentrée 2022 (UPE2A : Unité Pédagogique pour Elèves Allophones Arrivants)

 

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