CONTRACTUEL·LE·S : IL EST OÙ LE PROBLÈME ?

De qui et de quoi parle-t-on ?
Les contractuel·le·s dans l'Éducation nationale
Problème ou pas ?

DE QUI ET DE QUOI PARLE-T-ON ?

Dans la Fonction publique, qu’elle soit d’État, Hospitalière ou Territoriale, les employé·e·s sont souvent fonctionnaires : ils et elles ont réussi le concours d’entrée dans un corps de la Fonction publique, ont été stagiaires puis titularisé·e·s.

Ils peuvent aussi être embauchés sous contrat, et cela pour mille-et-une raisons. Quelques exemples ?

Pour des dizaines de milliers d’entre eux, c’est tout simplement parce que le corps n’existe pas : à l’École, c’est le cas des AED et des AESH par exemple.

Certaines et certains d’entre eux sont en reconversion, ont déjà eu des expériences professionnelles multiples, qui ne les font pas rentrer dans les cases classiques BAC+2/+3/+5 puis concours.

Parfois aussi, des candidates et candidats avec toutes les compétences requises n’arrivent pas à exprimer le meilleur d’eux-même au moment des épreuves de concours, et ne passent jamais la dernière porte.

L’administration, de son côté, a recours aux contrats pour des situations ponctuelles (temps partiels de PsyEN à compléter dans un CIO, discipline rare en voie professionnelle pour laquelle elle n’a pas assez de titulaires, enseignement bilingue en école internationale…), ou à l’occasion d’une réforme (lorsqu’on crée un nouvel enseignement, impossible d’avoir dès la première rentrée tous les enseignants fonctionnaires dans une discipline dont le concours vient d’être créé).

LES CONTRACTUEL·LE·S DANS L’ÉDUCATION NATIONALE

Clarifions rapidement les choses, en cette rentrée 2022, le brouhaha du moment laisse penser que contractuel = enseignant. On est loin de la réalité… En 2021, environ 40 000 enseignantes et enseignants (un peu moins de 6%) travaillaient sous contrat. Mais c’était aussi le cas de plus de 8 000 personnels administratifs, sociaux et de santé, et de 200 000 AED et AESH. Dans l’enseignement, ils et elles exercent très majoritairement dans le second degré (plus de 90%).

Cette situation n’est pas nouvelle : on a tous un ou une collègue quinqua en salle des profs qui a commencé « Maitre Aux’  » ou « vacataire ». Et il est presque impossible d’imaginer que ce ne soit plus le cas un jour : qui peut penser administrer ou réformer une institution d’1,2 millions de fonctionnaires à l’agent près ?

Et si tu es adhérent·e du Sgen-CFDT, nous ne saurions que trop te conseiller la (re)lecture du numéro de Profession Éducation de mai-juin 2022.

DONC… PAS DE PROBLÈME ?

D’abord, on peut reconnaître que l’emploi sous contrat est incontournable tout en revendiquant un emploi ultra-majoritairement sous le statut de fonctionnaire (c’est le choix du Sgen-CFDT). Et la tendance des dernières années est inquiétante : il y avait 30 000 enseignants contractuels en 2015 (et rappelons-le, 40 000 l’an dernier). La loi de transformation de la Fonction publique du 6 août 2019, qui facilite l’embauche de contractuels par les administrations, a pu lever certains tabous. Et sur une note plus positive, si on garde un peu d’espoir, l’arrivée de contractuel·le·s avec des expériences professionnelles diverses est aussi une richesse à moyen terme pour l’Éducation nationale. Mais la raison principale de cette augmentation est la chute d’attractivité des métiers de notre ministère : alors même que les concours ne réussissent plus à faire le plein, des collègues démissionnent en nombre sans cesse grandissant.

Autre souci pour les contractuel·le·s, leur formation. La polémique des 4 jours est terriblement malhonnête (dis-nous, t’as eu plus que 4 jours, toi, à l’IUFM / l’ESPE / l’INSPE, avant de voir tes premiers élèves ?), mais leur formation tout au long de l’année est un vrai défi. Il faudra que les rectorats le relèvent, en offrant un véritable parcours à chacune et chacun, par respect pour les personnels autant que pour les élèves, et qui ne devra pas se faire au détriment de la formation des titulaires.

ALORS, SUS AUX CONTRACTUEL·LE·S ?

Certainement pas ! Opposer les personnels les uns aux autres est un jeu simpliste à la fin duquel tout le monde est perdant. S’il était nécessaire de le préciser, les contractuel·le·s ne sont pas des agents d’une mouvance secrète chargés de grand-remplacer les titulaires : ils et elles sont là parce que l’administration est allée les chercher, souvent parce qu’elle n’a pas su recruter les titulaires dont elle avait besoin. Pour avancer, le seul chemin valable, c’est tous les personnels unis, quel que soit leur statut, pour obtenir :

  • des efforts massifs pour l’attractivité de nos métiers (rémunération et conditions de travail) ;
  • une véritable reconnaissance du travail de toutes et tous (et pour ne pas participer à la dévalorisation de nos métiers, nous revendiquons << à travail égal, salaire égal >>) ;
  • la titularisation des contractuel·le·s qui sont depuis plusieurs années dans la maison, et qui assurent aux côtés des titulaires des missions de service public.

Pour aller plus loin