Le Conseil Départemental de l'Education Nationale des Alpes de Haute Provence qui étudiait la carte scolaire du premier degré s'est déroulé le 9 février dernier.
La veille du CDEN, le mercredi 8, les représentants du personnel ont reçu le message suivant : « Si vous en faites la demande, monsieur le préfet et monsieur l’inspecteur d’académie, directeur académique des services de l’éducation nationale, vous invitent à venir vous exprimer en ouverture des travaux du CDEN. Ces auditions sont prévues pour des délégations de 3 personnes et pour une durée de 10 minutes. Nous vous remercions de nous faire savoir dans la journée si vous souhaitez être reçus. Cette délégation peut éventuellement être composée d’un élu, d’un parent et d’un enseignant, si vous le souhaitez. » Il s’agissait de la réponse à une demande intersyndicale qui visait à faire entendre les premiers concernés par les fermetures de classe annoncées à l’issue du CSA du 2 février. Rien n’obligeait les nouveaux responsables, le Préfet et l’IA arrivés cet été dans notre département, à accepter de poursuivre cette pratique locale.
Deux mères d’élève sont venues défendre l’école de La Brillanne. Elles ont développé avec conviction divers arguments : des effectifs qui fluctuaient et allaient augmenter ; la structure des classes à double niveaux qui serait défavorable aux apprentissages après fermeture ; la perte de l’enseignant très apprécié qui s’ensuivrait ; le classement de La Brillanne, 23ème sur 25, pour le seuil de pauvreté dans la communauté de communes à laquelle elle appartient. Rien n’y a fait, d’autant que le Maire, siégeant au CDEN au titre d’élu départemental, n’était pas convaincu lui-même qu’il fallait absolument refuser la fermeture. Une pétition a été remise aux représentants de l’État.
Le Maire de Champtercier, accompagné du Directeur de l’école, d’une mère d’élève et d’une élue municipale, a principalement déploré qu’il faille charger les 3 classes restantes après fermeture avec 3 niveaux dans chacune. La qualité de l’enseignement risque mécaniquement de s’en ressentir et le directeur perd du même coup sa décharge hebdomadaire, ce qui a un impact négatif immédiat sur le fonctionnement de l’école. Pétition remise également à des responsables restés sourds.
Une représentante des parents d’élèves de Bras d’Asse a su démontrer avec vigueur l’injustice que subissait le seul RPI concentré du département si on lui enlevait l’une de ses 4 classes. Cette vallée loin de tout avait suivi les recommandations de l’administration et fait construire un groupe scolaire moderne pouvant accueillir jusqu’à 126 élèves. Si les communes impliquées n’avaient pas consenti cet effort, il serait devenu beaucoup plus compliqué de fermer une classe unique ou de supprimer 1 classe sur 2, ici ou là, dans un village isolé. Il y avait quelque chose de révoltant dans le mépris de l’État pour ces enfants de la vallée de l’Asse sans prise en charge possible par un orthophoniste, sans offre évidente d’activités culturelles et sportives, sans intervention du Réseau d’Aide aux élèves en difficultés. L’élue présente a indiqué qu’un aller-retour de l’école jusqu’à la petite médiathèque d’Estoublon coûtait déjà 200 euros pour une seule classe. Heureusement, cette délégation a été entendue et la fermeture de classe prévue a été annulée à Bras d’Asse.
Il faut encore mentionner trois autres délégations entendues par le CDEN : celle de l’Escale, qui a insisté sur la nécessité d’une ouverture ; celle de Digne avec sa Mairesse déclarant que « la carte scolaire n’est plus éthiquement acceptable » dans notre territoire rural mais qui n’est pas parvenue à infléchir la décision de fermeture à l’école des Arches, étant donné qu’une classe d’inclusion pour élèves handicapés sera créée à Digne, ce dont s’est félicité un élu départemental qui siège à la Commission du Handicap ; celle des Mées qui s’est engagée à permettre l’accueil d’une nouvelle classe à Dabisse dans de bonnes conditions matérielles si la décision d’une ouverture était prise dès maintenant.
Moment de démocratie bien appréciable d’autant qu’il a fallu entendre ensuite, à nouveau, la laborieuse comptabilité tenue par l’Inspecteur d’académie pour justifier ses mesures de carte scolaire. Le représentant du SGEN-CFDT a fait savoir que le budget qui fixerait quelle politique scolaire pourrait être menée l’an prochain était en ce moment même en cours d’élaboration au niveau des services du Premier ministre. Les membres du CDEN devait le savoir : aujourd’hui, on fait avec la pénurie actée il y a un an sans marge de manœuvre véritable pour remettre en question les choix de l’administration autrement qu’à la marge.
L’élue du SE-UNSA et celui du SGEN-CFDT, ainsi que les élus locaux présents et le représentant de la Ligue de l’enseignement se sont abstenus au moment du vote pour ou contre la carte scolaire définitive avec la confirmation d’une fermeture de classe à La Brillanne, à Champtercier, à l’école des Arches à Digne et dans les écoles maternelles de Barcelonnette et de Villeneuve mais avec l’annulation de la fermeture à Bras d’Asse et l’ouverture d’une classe à Dabisse en plus de celle à Simiane la Rotonde et à l’Escale. Les mesures pour l’inclusion des élèves handicapés sont confirmées : l’ULIS 1er Degré de Seyne est déplacée dans une école de Digne, une Unité Autisme est implantée à Manosque en élémentaire et un demi-poste à l’IME Les Oliviers de Chateau-Arnoux . Les membres présents de la FCPE et de la FSU ont voté contre. La réserve pour la rentrée de septembre tombe à 0,58 poste.