Suppression des CIO et transfert des DRONISEP : CR de notre audience avec le recteur

Nous avons été reçus le 7 mai par le recteur de l'académie d'Aix Marseille pour parler de la suppression programmée des CIO et des DRONISEP. Nous avons fait remonter les inquiétudes des collègues recueillies lors des réunions d'information syndicale mais nous n'avons pas reçu beaucoup de réponses...

Nous défendons les CIO et les DRONISEP

Dans le cadre de la formation professionnelle et de l’apprentissage, un projet de loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » sera étudié à l’assemblée à partir du 29 mai 2018 jusqu’au 31 mai.

Dans l’article 10 « Orientation » de ce projet de loi : de quelle liberté parle-t-on ? De liberté ou de libéralisation ?suppression des CIO

On acte une modification du code de l’éducation avec le transfert des missions des DRONISEP en matière de diffusion, de la documentation ainsi que d’élaboration des publications à portée régionale relatives à l’orientation scolaire et professionnelle des élèves et des étudiants.

  • Les DRONISEP ont un champ d’intervention beaucoup plus large (outil éducatifs et pédagogiques pour les équipes des EPLE et CIO, PARCOURS AVENIR, FOLIOS, fiches métiers, vidéos, documents multiples, organisation de forum (JFB, …) Enquête auprès des professionnels  et organismes de formation. Elles collectent, vérifient et diffusent de façon objective et impartiale de l’information sur les formations. Ce droit est inscrit dans le code de l’éducation.
  • Le CNESER défend dans une motion le réseau des DRONISEP et demande son maintien dans le cadre du service public national d’information sur les formations et les métiers.
  • Le CESE a, dans son avis pour « l’orientation des jeunes », préconisé de rendre lisible et disponible l’information nationale via l’ONISEP.

Contre une logique de marchandisation

Dans ce projet de loi, on assiste à une logique de marchandisation et d’individualisation de la formation professionnelle considérée comme devant obéir à la seule logique de l’offre et de la demande sans régulation collective par les partenaires sociaux. Chaque région sera tentée ou risque de faire prévaloir ses orientations en matière de formation, de soumettre l’adéquation formation emploi à la logique économiste à court terme.

  • La liberté de choisir son avenir professionnel ne peut être délimitée par les seuls objectifs de  l’économie locale.
  • Sans aucune concertation, ni justification il a été annoncé par notre ministère de tutelle la fermeture de l’ensemble des CIO
  • Une vive inquiétude s’est faite jour chez tous les personnels des CIO et autres partenaires face aux graves conséquences induites.
  • Les CIO ont une mission d’état, de service public dont les finalités sont arrêtées dans le cadre d’une politique nationale sans être assujettis aux seuls besoins économiques.
  • La conception utilitariste de l’orientation exprimée jusque-là par les représentants des régions est contraire aux valeurs que nous portons.
  • L’Orientation ne se résume pas à une bonne information sur le système éducatif et au choix d’un parcours professionnel et d’insertion, elle ne peut être réduite à ces deux notions.

Il est également illusoire de penser que l’orientation se résume à l’équation : connaissance de soi, de ses résultats et aptitudes, connaissance des formations et métiers pour faire un choix éclairé et durable. Le jeune doit être acteur de son orientation et accompagner la construction d’un projet personnel et professionnel pour engager un parcours à long terme.

La dissolution des missions nationales de service public dans les politiques régionales facilitera l’arrivée des officines privées sur le marché scolaire qui prospèrent sur les inquiétudes des familles et les interrogations légitimes des adolescents (cowing-coching : 10 séances d’une heure = 910€ , ton avenir.net : Pass sérénité = 560€ , Quiétude, Euréka study…..Accompagnement des lycéens à l’utilisation de Parcoursup : l’Etat accorde un subvention d’1,8 millions d’euros…….)

Les CIO : bien au delà de l’Éducation Nationale

Le champ d’action des CIO dépasse le cadre d’action du ministère de l’Éducation Nationale et interagit tout autant avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation,  le Ministère de la Cohésion et de Territoire, le Ministère des Solidarités et de la Santé, le Secrétariat d’Etat chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, la délégation interministérielle chargée de lutter contre la pauvreté.

  • Son public est donc diversifié : les adolescents, les jeunes adultes et les adultes.
  • Les personnels des CIO luttent contre les inégalités face aux parcours scolaires et d’insertion. Ils accompagnent les jeunes et leurs familles les plus éloignés de l’école. De ce fait, les usagers ne disposeront plus d’un lieu d’écoute neutre, ce qui va accroître le risque de rupture complète de ceux en voie de décrochage pour qui le retour vers l’école pose déjà un problème.
  • Le CIO participe par l’intermédiaire du DCIO aux travaux de réflexion des réseaux afin de favoriser les continuités pédagogiques et la mise en œuvre des expérimentations au service de la réussite de tous les élèves. Les DCIO font partie du directoire, qui est l’organe politique du réseau et du conseil pédagogique qui met en œuvre les actions pédagogiques.
  • Des diagnostics réalisés ont été alimentés pour partie par les CIO qui ont mis en exergue les aspects du réseau qui ont besoin d’être améliorés (taux d’accès vers 2nde GT, 2nde PRO…).
  • Les missions des PsyEN sont multiples : lutte contre l’échec scolaire, la radicalisation, le décrochage, toutes les formes de discrimination et inégalités de parcours scolaires ; accompagnement des parcours des élèves à besoins éducatifs particuliers, des projets de formation ; accompagnement et soutien des équipes éducatives et de direction.
  • Intervention des PsyEN dans les CIO, collège-lycée, établissement supérieur, SCUIO, réseau Euroguidance, auprès des tribunaux, services de protection de l’enfance, milieu pénitentiaire, MDA, cité des métiers, SAIO-DRONISEP. Dans tous ces lieux, une professionnalité spécifique est attendue.

Le métier du PsyEN se résume-t-il à la présence en EPLE ?

Qui accueillera et accompagnera les adultes, allophones, jeunes déscolarisés, porteurs d’une demande particulière (phobie, harcèlement) et les partenaires extérieurs ?

Le CIO, lieu d’accueil physique, fait partie d’un réseau qui permet un travail en équipe, une mutualisation des outils et pratiques à l’échelle d’un territoire au plus proche des équipes éducatives des établissements scolaires.

Il est également identifié par les parents comme un espace ouvert et accueillant gratuitement les jeunes, les familles en garantissant l’objectivité, l’impartialité de l’accompagnement .

Ces mesures abruptes de suppression des CIO s’inscrivent à l’encontre de la création en février 2017 d’un corps unique de PsyEN et renouent avec une politique antérieure de réduction du recrutement (diminution du nombre de places aux concours (-48 postes) : 28 postes EDO, 20 postes EDA.)

Le taux d’encadrement d’un PsyEN : 1 pour 1500 élèves au niveau national, 1 pour 1200 dans notre académie

Le CESE préconise la programmation d’un plan de recrutement et de formation des personnels de l’orientation dont l’objectif est de tendre vers la référence européenne  d’1 pour 800. En effet, le taux d’encadrement des Psy-EN actuel ne permet pas de recevoir tous les jeunes qui le souhaitent dans des délais raisonnables, ce qui ne favorise pas leur réussite scolaire et à leur développement.

Il constate également que « la réduction drastique du nombre de CIO liée au désengagement des départements qui finançaient les locaux contribue à accroître les délais et les distances pour obtenir un rendez-vous personnalisé ».

Plusieurs questions se posent :

  • En quoi la demande des régions a-t-elle  un lien avec l’exercice professionnel du PsyEN-DCIO et l’activité des CIO alors que nous avons un décret qui cadre nos missions et la nature de nos activités ?
  • En quoi les objectifs des dispositions du projet de loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » (renforcer la formation professionnelle et plus particulièrement celle sous contrat d’apprentissage) nécessitent que le Ministère de l’Éducation Nationale se dessaisisse  des missions d’information et d’orientation et envisage la suppression des réseaux CIO / ONISEP / DRONISEP. ?
  • La volonté du gouvernement est de réformer l’orientation, le Sgen-CFDT demande la mise en place d’un groupe de travail au niveau académique pour être associé aux réflexions sur le devenir des services .

Les réponses du rectorat:

M.Cassar ( CSAIO) et M.Misery ( Secrétaire Général du Rectorat) ont essayé d’apporter quelques réponses à nos interrogations mais malheureusement rien qui puisse éclairer les personnels sur leur avenir.

DRONISEP :  il nous a été indiqué que le projet de loi peut encore évoluer. Il est prévu qu’une convention cadre entre l’ONISEP et chaque région soit signée par le recteur, le préfet, et le président de Région sur l’organisation locale en fonction des besoins. Dans notre académie, les projets sont encore peu avancés à ce niveau.

Le CSAIO travaille avec la DRONISEP à un outil d’explicitation de ce qu’est leur travail pour pouvoir le présenter à la région.

Une mission a été confiée à un Inspecteur Général de l’Administration sur le transfert des personnels de la DRONISEP et sur la rédaction de la convention cadre.

Les personnels bénéficieront d’un droit d’option pour être transférés ou détachés auprès de la région. Vu le faible effectif concerné ( 10 à Aix Marseille, 7 à Nice), le suivi des personnels se fera au cas par cas en fonction des situations individuelles.

CIO :  M. Cassar a salué le travail effectué par les personnels des CIO. Comme les syndicats, le rectorat a eu l’information de la suppression annoncée des CIO mais attend la feuille de route du ministère.

Il nous a été rappelé que les PsyEN resteront un corps d’Etat. Pour les DCIO et les personnels administratifs, aucune information n’est encore disponible sur leur devenir. Un groupe de travail sera créé pour associer les personnels et leurs organisations représentatives à la mise en place de la réforme lorsque celle ci sera définie.