Pour réparer l’école : cap, autonomie et mixité

Prétendre améliorer le niveau des élèves sans réduire les inégalités ni améliorer la mixité sociale à l'école nous mène inéluctablement dans une impasse.

Notre système scolaire ne va pas bien :

  • il peine chaque jour davantage à enseigner à tous les élèves les savoirs et les compétences qu’il est censé leur transmettre.
  • il ne parvient pas à résorber les inégalités scolaires liées aux inégalités sociales voire les aggrave
  • il ne rend heureux ni les élèves ni les professeurs qui désertent chaque jour un peu plus les concours de recrutement.

Pour le Sgen CFDT Provence Alpes il est urgent et indispensable de répondre de manière cohérente à ces trois problématiques pour améliorer l’école.

Le « choc des savoirs » ou le renoncement à une école pour toutes et tous

En imposant, sans aucune concertation, l’enseignement du français et des mathématiques en groupes de niveau au collège dès la rentrée 2024, le gouvernement Attal nous engage sur la mauvaise voie à plusieurs titres :

  • Bafouant l’expertise des enseignants et l’autonomie des établissements, il impose un dispositif dont les études scientifiques ont démontré l’inefficacité.
  • Il prend le risque d’instaurer un tri précoce des élèves. En effet, les contraintes d’organisation matérielles et humaines complexes, l’absence totale de temps de concertation et le manque criant d’enseignants représentent des freins bien trop importants pour que la mobilité des élèves d’un groupe à l’autre « en fonction de leurs besoins » soit envisageable raisonnablement.
  • Assigner les élèves à un groupe de niveau pour toute leur scolarité, c’est abandonner toute ambition d’excellence pour les plus fragiles d’entre eux. Notre système scolaire ayant tendance à reproduire les inégalités sociales, ce sera aussi un nouveau coup porté à l’objectif de mixité pourtant inscrit dans le code de l’éducation.
  • Il met un peu plus sous tension des personnels aux conditions de travail déjà dégradées
  • Il fait de l’homogénéité des élèves un cap et acte le renoncement à prendre en charge le défi de l’hétérogénéité intimement liée à celui de la mixité.

Le Sgen-CFDT Provence Alpes réaffirme que l’Ecole n’a pas comme unique fonction la transmission des savoirs mais qu’elle est au cœur de la construction de notre projet de société. Elle doit apprendre l’ouverture d’esprit, la coopération, le respect de l’autre, elle doit former des citoyens éclairés et des individus tolérants et capables de se projeter dans la vie.

Comment faire société ensemble si nous ne faisons pas école ensemble ?

Cela implique d’instruire et éduquer ensemble des élèves inégaux en termes de conditions sociales, de parcours de vie, d’appétence scolaire. Et si la scolarité obligatoire doit rester unique, cela ne signifie pas qu’elle soit uniforme : le mérite ne peut pas être étalonné par la seule distance aux normes les plus élitistes.

L’écart grandissant entre « gagnants » et « perdants » de la compétition scolaire actuelle est une bombe à retardement pour le pacte social de notre nation. Il est urgent d’agir.

Nous affirmons qu’il est urgent et nécessaire de :

  • donner un cap stable à l’Ecole en réaffirmant ses missions : construire les citoyens de demain, réduire les inégalités et donner réellement sa chance à chacun, transmettre des savoirs et des compétences.
  • faire confiance à l’autonomie des équipes. Pour cela, les établissements doivent bénéficier des moyens suffisants de mettre en œuvre les solutions locales adaptées à leurs problématiques particulières.
  • Mettre en place une véritable politique de mixité sociale à l’Ecole, alliant mesures incitatives et contraignantes. Sans mixité, tout effort d’amélioration du système scolaire est voué à l’échec.

Motion adoptée par le Conseil Syndical du Sgen-CFDT Provence Alpes le 11 avril 2024