[PerDir] Les priorités nationales conduites au pas de charge ne peuvent l’emporter sur le volontariat des personnels

Déclaration SGEN CFDT - Jeudi 18 janvier 2024 – Lycée St Exupéry Marseille

Monsieur le directeur académique,

Mesdames et Messieurs les directeurs académiques adjoints,

Chers collègues, bonjour,

Nous vous remercions au nom du SGEN CFDT de cet échange et de la proximité que cela génère dans la mesure cela permet au terrain d’être entendu.

Nous pourrions reprendre la dernière déclaration sur le cadre de travail départemental sans en changer une ligne tant les méthodes de communication, les changements majeurs que nous traversons et les prises de parole intempestives d’experts auto proclamés de l’éducation n’ont guère évolué. Même si nous vous savons à nos côtés, le constat est là : le terrain nous fait par de points de crispation et de lassitude

Nous n’entrerons donc pas dans la polémique de ces derniers jours car lorsqu’on incarne au plus haut sommet l’Ecole publique, on est l’Ecole publique et non pas aux côtés de l’Ecole publique. Et la parole qui est portée au plus haut niveau doit être empreinte de mesure et d’exigence compte tenu des répercussions sur la vie de nos établissements scolaires, des personnels qui font l’école et des familles qui demandent des comptes.

Et là, c’est nous personnels de direction qui y faisons face dans la plus grande solitude.

Besoin de cohérence et de sens dans les politiques publiques d’éducation

Quand on fait au niveau national, aussi vite que ce que l’on défait, il y a matière à s’interroger sur ce que les injonctions paradoxales des politiques publiques produisent sur le plan de l’évaluation des acquis des élèves par exemple et du climat scolaire dans son ensemble. Bref, il y a besoin de cohérence et de sens dans les politiques publiques d’éducation.

Il y a également matière à s’interroger sur le fait que l’école publique est mise en concurrence avec d’autres modalités de scolarisation des élèves qui ne se heurtent ni aux mêmes contraintes, ni aux mêmes logiques territoriales, ni aux mêmes modalités de recrutement des élèves quand on sait que le plan mixité est resté lettre morte.

Heureusement l’Ecole publique est la bonne mère qui accueille tous les enfants.

Des questions aujourd’hui sans réponses

Mais laissons cela car ce n’est pas à cette échelle que nous nous situons aujourd’hui. Nous préférons nous situer au niveau structurel qui est le nôtre dans la mesure où il faut plus d’un trimestre pour préparer une rentrée scolaire. Rentabilisons donc le temps qui nous est donné.

Nous avons donc besoin de réponses dont vous ne disposez sans doute pas encore à plusieurs niveaux et qui vont au-delà du collège dans la mesure où nous accompagnons les élèves sur la totalité de leur parcours scolaire, nous portons notre attention sur les changements qui s’opèrent au lycée :

  • au niveau organisationnel (pour éviter l’éternel « y’a qu’à, faut qu’on ») en ce qui concerne l’accueil des élèves de 8h à 18h dans les collèges REP, sur la carte des formations des lycées professionnels, sur le redoublement et la mise en œuvre des prépa-lycées (où ?, quand ?, comment ?). Qu’en sera t’-il des zones géographiques isolées ? sur la transformation progressive des PIAL en pôles d’appui à la scolarité ; enfin sur la refonte de l’organisation professionnelle du cursus de lycée professionnel pour la rentrée 2024 ;
  •  au niveau des moyens mis en œuvre pour la mise en place des groupes de niveau par exemple pour conduire le dialogue avec les équipes sur les DGH et l’emploi du temps des élèves, sur les remplacements de longue durée : il manque à l’appel de nombreux professeurs dont les absences de longue durée ne sont pas compensées (en français, en physique-chimie, en SVT, …),
  •  au niveau des dotations en personnels AED notamment,
  •  au niveau de la temporalité de cette fin d’année scolaire avec la mise en plage des stages des élèves de 2nd dont les dates ont été arrêtées et qui se télescopent avec celles des lycées professionnels, sur la gratification des stages de seconde ;
  •  au niveau pédagogique tout simplement avec le socle, l’approche par compétences, le contrôle continue des acquis des élèves au DNB, bac, la généralisation de la méthode Singapour en maths, la refonte des programmes dans certaines disciplines, et in fine la formation des profs hors du face à face pédagogique.

Nous savons qu’un groupe de travail intercatégoriel travaille sur les sujets du RCD en lien avec l’EAFC. Nous savons également que les services ont déjà placé près de 44% des formations qui relèvent de la formation continue hors du temps d’enseignement et qu’ils s’emploieront à anticiper dans la mesure du possible les résultats liés à l’affectation des profs et le calendrier des formations de l’année scolaire prochaine.

Nous attendons donc les textes officiels de cadrage sur lesquels nous pourrons nous appuyer et restons vigilants face à la propension de la parole publique de faire de grandes annonces.

Nous serons attentifs aux négociations sur la carrière et la rémunération des PERDIRS qui devraient aboutir en ce début d’année et du travail qui devrait s’ouvrir sur nos missions et notre charge de travail. Nous serons également attentifs au rapport parlementaire attendu fin mars sur le financement public des écoles privées sous contrat.

Des conditions de travail qui se dégradent pour les PerDir

Pour finir, nous avons fait grand cas des mots de monsieur le Recteur qui par votre entremise rappelle qu’il est nécessaire de travailler avec les chefs d’établissement pour apprécier la diversité de nos contextes d’exercice.

Aujourd’hui, c’est 700 postes de perdir qui n’ont pas été pourvus au niveau national ; ¼ est en burn-out ; nombre d’équipes ont été déshabillées pour compenser les manques ; nombre d’équipes sont encore incomplètes. Cela se traduit par un temps de travail qui s’allonge démesurément et une augmentation intenable de la charge de travail.

On ne peut ignorer que les priorités nationales conduites au pas de charge ne peuvent l’emporter sur le volontariat des personnels. Nous réaffirmons que l’Education est forte des concertations avec celles et ceux qui font l’Ecole et qu’un service public d’éducation de qualité gagne à faire autrement en direction des cadres que nous sommes.

Merci de votre écoute et de votre confiance.