Notre intervention au 49° Congrès de la CFDT à Rennes

Deux délégués du Sgen-CFDT Provence Alpes ont participé au 49° Congrès de la CFDT qui se tenait du 4 au juin 2018 à Rennes. Voici le texte de l'intervention sur le rapport d'activité qui a été lu à la tribune.

Notre avis sur l’activité de la CFDT de 2014 à 2018

Chers camarades, vous le savez, être à la CFDT ce n’est pas vivre dans le monde des bisounours, mais les adhérents du Sgen-CFDT s’y sentent bien. Leur sentiment premier est qu’ils font partie d’une organisation qui fonctionne plutôt bien, de manière démocratique et relativement apaisée. Savoir conjuguer identité forte et respect de la diversité des sensibilités est certainement une des forces que nous devons cultiver sans relâche, mais sans confondre la nécessaire recherche du consensus avec le risque d’une parole lisse et tiède.

Un discours sans ambiguïté

Nous commencerons donc par remercier la confédération de porter un discours sans ambiguïté sur les valeurs qui nous sont chères et de prendre toute sa place dans la société pour défendre les fondements de notre démocratie.

Nous saluons notamment les prises de positions par ta voix, Laurent, sur la question des migrants, nous rappelant notre devoir premier de fraternité et de ne pas céder à ceux qui instrumentalisent les peurs de nos concitoyens. Nous saluons aussi la prise de position au soir du premier tour de l’élection présidentielle sans tergiverser ni employer des circonvolutions linguistiques complexes pour mettre dans l’urne le seul bulletin de vote permettant de faire rempart à l’extrême droite. Non, ces idées là ne sont pas « comme les autres » et oui, notre démocratie est un bien fragile que nous devons chérir et préserver. Ce D de CFDT prend tout son sens quand elle s’engage pour faire vivre le syndicalisme dans des pays qui n’ont pas ou plus la chance de bénéficier d’un régime démocratique comme au Venezuela ( qui fut jusqu’à récemment la plus ancienne et plus stable démocratie d’Amérique Latine : la liberté est un bien fragile, soyons-en conscients).

Un syndicalisme en plein bouleversement

C’est d’ailleurs la force de ces valeurs et l’enracinement profond de celles ci en chacun de nos militants qui peut nous aider à affronter le bouleversement majeur que vit le syndicalisme aujourd’hui. Bien campé sur nos deux pieds, nous devons nous concentrer sur cette tâche au milieu de la tempête actuelle.

L’an dernier, la mesure de la représentativité syndicale nous a placé en première position dans le privé. Qu’on la célèbre, qu’on en soit fiers, c’est bien légitime, cependant nous mettons en garde contre la tentation d’y voir une réelle preuve de notre force et de notre capacité à influer le cours des réformes.

A partir du moment où le pouvoir politique nie le syndicalisme, que faire de notre vision ? Le dialogue social sans oreille bienveillante en face, à quoi ça sert? Ceci n’est pas une remarque sarcastique mais une question sincère.

Notre modèle réformiste va-t-il pouvoir perdurer ou est-il condamné à n’exister que si nos interlocuteurs le veulent bien? En d’autres mots, ne serions nous qu’un géant aux pieds d’argile ?

Alors, certes, sur la période écoulée nous avons obtenu des avancées pour les travailleurs et loin de nous l’idée de nier le progrès que représente la prise en charge d’une partie de la mutuelle, le CPA et le rattachement des droits à la personne ou encore le protocole PPCR pour les fonctionnaires. Bien au contraire ! Mais, en toute sincérité, combien de salariés y ont vu l’empreinte de la CFDT ?

Améliorer les conditions de travail : un combat quotidien

Nous pensons que pour survivre nous devons nous réinventer. Pas seulement ajouter quelques touches de modernité à notre action, pas seulement dépoussiérer l’image du syndicalisme

mais interroger en profondeur le rôle qui doit être le notre dans la société et dans la vie de chaque travailleur. Nous devons être utiles et en faire la preuve.Nous devons notamment arriver à faire davantage pour les salariés (ou chômeurs) les plus fragiles. Ce sont eux qui ont le plus besoin d’aides pour simplement faire valoir leurs droits. De même, en termes d’égalité professionnelle Femme/homme, nous devons dépasser les formules et les belles photos. Rappelons que l’égalité salariale est encore loin.

Au centre de nos axes revendicatifs, la question des conditions de travail est à notre sens une des voies sur lesquelles nous devons continuer de nous engager en profondeur. La campagne « parlons travail » en allant au plus près des préoccupations des salariés ou des agents publics nous a permis de dresser un diagnostic unique. Il ne faut pas s’en contenter et donner à tous les adhérents des moyens d’agir localement pour concrètement »changer le travail ».

Développer nos outils numériques

Car maintenant que nous savons compter combien nous avons d’adhérents, ne serait-il pas temps de mieux communiquer avec eux ? Il y a eu des développements appréciés des systèmes d’information au cours de la période mais ceux ci restent globalement un de nos points faibles.

Si GASEL (logiciel de Gestion des Adhérents et des Structures En Ligne) est enfin en train de devenir l’outil qu’on nous promettait, que de temps perdu et de cheveux arrachés en attendant ! Alors que le numérique a investi tous les pans de notre vie, la CFDT a accumulé un retard considérable en termes de visibilité sur Internet et les réseaux sociaux ou de services en ligne : à ce titre le système d’adhésion en ligne n’est absolument pas efficace. A l’heure où on peut commander n’importe quoi en deux clics sur son smartphone, il est urgent de permettre aux internautes d’adhérer définitivement en ligne directement dans le syndicat qui leur correspond sans risque de voir leur demande perdue ou traitée au bout de plusieurs semaines en raison d’une erreur d’aiguillage.

Cela permettra aussi d’alléger le travail des militants locaux. Car notre Confédération, attentive aux conditions de travail des salariés se doit de l’être aussi envers ses militants.

Mutualiser pour être plus forts

Pour conclure, une anecdote qui donne de l’optimisme sur notre capacité à faire évoluer collectivement notre organisation. En passant sur le stand de l’UFFA, vous avez peut-être remarqué un kakémono qu reprend des extraits du livre « L’autre trésor public ». Ce kakémono je le connais bien car il a été créé par le groupe Fonction Publique de l’UD des Bouches du Rhône. Et je me réjouis sincèrement que notre travail soit utile à tous ; Alors, sans attendre, coopérons ! Mutualisons ! C’est tous ensemble que nous serons plus forts !