Les lycées en Education prioritaire ont été les oubliés de la refondation. La grève du 17 novembre, à l'appel du Sgen-CFDT et d'une large intersyndicale traduit l’inquiétude légitime des personnels qui y travaillent. Faisons le point sur les enjeux.
Redéfinir la carte : nécessaire et urgent !
Depuis plusieurs décennies, un empilement de mesures et de labels ( ZEP, ECLAIR, RAR, etc..) jamais réactualisés a contribué à créer une carte de l’Éducation prioritaire en lycées totalement illisible.
Le gouvernement, malgré des annonces successives, ne s’est jamais risqué à ouvrir ce chantier car la définition de nouveaux critères, pour donner plus à ceux qui ont moins, impliquera de faire sortir certains établissements de la carte pour y faire entrer d’autres.
Après les mouvements de protestations contre les rythmes scolaires, la réforme du collège, la loi El Khomri, le gouvernement a donc tergiversé une fois de plus et pris finalement des mesures « d’urgence » qui stabilisent temporairement la situation des personnels mais ne règle aucun des problèmes de fond.
Pour le Sgen-CFDT Provence Alpes, il faut d’abord reconnaître la place du lycée en Éducation prioritaire
pour pouvoir
définir les nécessaires mesures de reconnaissance de la difficulté d’exercer dans ces établissements
- immédiates ( primes, bonifications pour les mutations, diminution du temps de service face à élève… via des Indemnités de Missions Particulières IMP ou des pondérations horaires comme le permet le décret de 2014)
- différées : critère pour l’accès à la classe exceptionnelle (PPCR)
Ces mesures sont attachées aux personnes pour une durée fixe, ce qui sécurise les enseignants.
Abonder ces lycées en moyens humains et matériels suffisants et notamment :
- en moyens de DHG alloués en fonction du profil sociologique des établissements, notamment en terme d’IMP et de marges horaires supplémentaires,
- en personnels d’éducation et d’encadrement suffisants (équipes de direction complètes, CPE, Aed, équipes mobiles de sécurité…),
- en entretenant ou en adaptant les locaux : les régions sont donc aussi des partenaires importants avec lesquels il faut discuter.
Mettre en place une offre de formation attractive (options, enseignement d’exploration, post-bac)
Mais les moyens supplémentaires à eux seuls ne résoudront pas tout, des outils pédagogiques sont nécessaires pour affronter les difficultés rencontrées et les résoudre !
Pour le Sgen-CFDT, il faut aussi construire un référentiel qui prolonge celui des Réseaux Éducation Prioritaires en 2014
et qui contienne :
Des mesures d’accompagnement des personnels :
- un accueil spécifique des nouveaux collègues
- des formations adaptées
- du temps pour les liaisons collège/ lycée et lycée/ post-bac
Les équipes de direction de ces établissements doivent être recrutées avec autant de soin que celles des établissements avec des CPGE (Classes préparatoires aux grandes écoles), mais aussi soutenues et accompagnées ensuite dans l’exercice de leurs missions au delà de critères trop quantitatifs.
des mesures spécifiques pour l’accompagnement des élèves
- En développant l’accompagnement des élèves, plus particulièrement pour ceux issus des REP/REP+ qui doivent être identifiés en amont d’une façon spécifique décidée par le Conseil pédagogique (avec consultation du CVL).
- En construisant des parcours de réussite pour tous les élèves (de la maîtrise du socle commun au post-bac). Les relations avec les parents dans la construction du parcours doivent être renforcées.
- En instaurant un droit attaché à l’élève, compte personnel d’accompagnement (CPA), pour avoir un relevé des différentes formes d’accompagnement mises en place. En effet, au delà des formes classiques (de soutien, d’approfondissement), l’accompagnement doit aussi prévoir d’autres formes de relation avec les élèves : groupes de tutorat multi-âge, travail réflexif, entretiens individualisés…
Enfin pour le Sgen-CFDT la place des lycées dans l’Éducation prioritaire pose plus généralement le problème de la mixité des publics : la carte scolaire et les règles d‘affectation doivent être repensées pour favoriser une réelle diversité sociale dans chaque établissement.