Dépasse ton bac d’abord !

L’entêtement de Jean Michel Blanquer à maintenir les épreuves de spécialités prévues pour le mois de mars est un triste révélateur de notre système scolaire tellement paralysé par la toute dernière étape du parcours des élèves, l’examen terminal du bac.

Dans une situation totalement exceptionnelle, où l’incertitude permanente est devenue à peu près la seule des certitudes et où la capacité d’adaptation n’est plus seulement une qualité mais une compétence quotidienne indispensable, notre système scolaire semble totalement tétanisé face à l’obstacle. Qu’importe qu’il y ait des rochers sur la voie ou que le viaduc se soit effondré, le train de l’Education Nationale est programmé pour atteindre le terminus du bac à l’heure indiquée sur la brochure et son principal conducteur n’a que cet objectif en tête.

A année exceptionnelle ne pas opposer un simulacre de normalité

Pourtant, dès le mois de septembre, les personnels sur le terrain ont, au contraire, réclamé qu’en cette année de crise notre objectif prioritaire soit d’éviter à tout prix que des élèves décrochent des wagons comme au printemps. Cela implique de se donner des moyens (financiers, humains, organisationnels…) exceptionnels à la hauteur d’une crise exceptionnelle. Tout le reste doit passer après : la ponctualité des trains est un luxe réservé aux temps de paix. Et puis, à quoi bon arriver à bon port si ce n’est pas sains et saufs ?

Ralentir: une nécessité

Mais pour cela il faut admettre de ralentir la locomotive quitte à ne pas atteindre la dernière gare à temps. D’ailleurs, si on s’intéressait un peu moins au terminus qu’au chemin parcouru, peut-être prendrions nous le temps d’observer plus finement comment on avance. J’ai la conviction que le temps perdu ne le serait pas autant que ça, bien au contraire.

Nous vivons une crise sans précédent qui met à rude épreuve le moral des élèves, des enseignants, et de tous les personnels qui s’affairent chaque jour à ce que le train ne déraille pas. Nous avons besoin d’un cadre qui nous rassure, de perspectives crédibles et atteignables à moyen terme, pas de l’angoisse que tout soit chamboulé 15 jours avant la date prévue ( tout report étant susceptible d’être lui même reporté!). Seule l’alternative du contrôle continu le permet : elle n’en sera que mieux vécue si elle est mise en place suffisamment tôt pour ne pas être assimilée à un pis aller ou à une mesure au rabais.

Le Bac 2021 peut attendre 2022

M. Blanquer, il est temps d’agir et de prendre les décisions qui s’imposent pour rassurer les élèves et les personnels avant que celles ci ne nous rattrapent dans la précipitation.  Pour surmonter la crise, appliquons nous ce conseil de bon sens : « Dépasse ton bac d’abord ».