Suite aux élections professionnelles du mois de décembre, le CTSD s'appelle désormais CSAD (comité social d'administration spécial départemental). Il a pour rôle d'étudier la carte scolaire dans le premier degré ou les collèges du département, proposée par le Dasen.
CSAD 04 – impréparation de rentrée
Lundi 23 janvier s’est tenu à Digne le CSAD consacré à la préparation de rentrée dans les collèges des Alpes de Haute-Provence. Litanie de chiffres dont se félicite l’administration :
• Moyenne des effectifs par division : 24,10 (21,71 pour les six « petits » collèges, 24,4 pour les douze autres) ;
• Dotation horaire pour le département : 8912 heures (18h de plus qu’en 2022 grâce à la création d’un poste temps plein) ; proportion des heures supplémentaires : « seulement » 7,03% ;
• Enveloppe dédiée à la structure (sur la base de 29h/division) : 7656 heures pour 264 divisions (hors ULIS, SEGPA, UPE2A…).
Globalement tout cela va dans le bon sens. Mais comme on sait, le diable est dans les détails.
Des mesures en trompe l’œil
Une création de poste, très bien ; mais dans le même temps, on prévoit de scolariser 145 élèves supplémentaires à la rentrée 2023. Or, ce poste correspond à la création d’une ULIS au collège de Seyne-les-Alpes, qui en fait existait déjà, assurée par un professeur des écoles sur les moyens du 1er degré. Il s’agit donc d’une opération comptable, bilan net de création de poste : 0. Précisons tout de même que dans sa grande libéralité, l’administration ne retirera pas ces moyens à la dotation du 1er degré.
Ces 6452 élèves sont répartis en 264 divisions, ce qui donne une moyenne correcte du rapport effectif/division. Mais à Annot, les élèves de 6ème et 5ème passeront l’année à 29 dans la classe, de même que les trois divisions de 5ème de Riez et les cinq de 4ème de Sisteron, et plus de 30% des classes ont une moyenne d’effectifs au-delà de 26 élèves. Que voulez-vous : dans un département de montagne, il faut bien compenser le fait que des collèges isolés ne scolarisent pas plus de 20 élèves par classe.
Il faut toutefois noter que les horaires dédiés aux UPE2A du collège Giono de Manosque et de Borrely de Digne passent de 12h à 18h. S’agit-il d’une prise de conscience, enfin, que la demande explose, ou du choix de pérenniser les moyens exceptionnels débloqués pour l’accueil en urgence des élèves déplacés ukrainiens ? En tout cas, il s’agit du seul vrai progrès que les organisations syndicales ont reconnu.
Economie de moyens contre qualité de l’enseignement
En revanche, ce qu’elles ont dénoncé unanimement, c’est que la dotation est décidée en amont au Rectorat au lieu de la déduire de l’examen des besoins sur le terrain ; que les seuils d’effectifs pour dédoubler une classe – 30 élèves, 27 en REP – ne tiennent plus compte du fonctionnement des jeunes collégiens qui, de plus en plus et notamment les plus jeunes, ont besoin de davantage de temps dans leurs apprentissages ; qu’on ignore que les professeurs doivent de plus en plus prendre du temps pour accompagner individuellement des élèves en difficulté ou en situation de handicap. Force est de reconnaître que plus on monte dans la hiérarchie de l’Education Nationale, moins on rencontre des gens qui savent ce qu’est un élève ou un prof…
Annonces fumeuses pour la rentrée en 6ème
L’autre sujet de débat était les annonces concernant la 6ème. Le dispositif « devoirs faits » devient « obligatoire », mais assuré par des personnels « volontaires » rétribués en heures supplémentaires : sûr que les professeurs, déjà tenus d’accepter deux HSA, ou chargés d’un plein temps dans une école voisine, vont se bousculer au portillon.
Une heure de soutien en maths ou en français : cette nouveauté s’appelle en fait l’AP, jusque-là prise sur des marges quand les établissements pouvaient le faire. On lui sacrifie l’enseignement de la technologie, ce qui par la même occasion résout le problème de manque d’enseignants dans cette discipline, de manière plus efficace et moins coûteuse que l’ouverture de nouveaux postes. On nous précise toutefois que ces suppressions ne s’accompagneront pas de mesures de carte scolaire, mais qu’en sera-t-il des contractuels ? Par ailleurs, on envisagerait en haut lieu (lourde insistance sur le conditionnel) de renforcer l’enseignement de technologie au cycle 4 ; à suivre donc.
Comme d’habitude on commence par sortir des idées pour frapper l’opinion, et ce n’est qu’après qu’on s’occupe de leur faisabilité et des conséquences…
Le Sgen-CFDT, en accord avec les autres organisations syndicales, a dénoncé cette impréparation de rentrée, caractérisée encore et toujours par la priorité de la logique comptable sur la qualité de l’enseignement, et par le mépris affiché pour le travail des enseignantes et des enseignants.
Pour aller plus loin
- Notre déclaration liminaire
- Les documents