Médecins scolaires : mission impossible !

Rien ne va plus dans l’académie d’Aix-Marseille : 54 médecins scolaires pour 531 171 élèves en cette
rentrée 2016 : 15 postes seront vacants faute de recrutement en septembre 2016.
[cette tribune a été publiée dans le mensuel Le Ravi du mois de septembre 2016]

Et pourtant, ces médecins du Ministère de l’éducation nationale sont en charge, par leur évaluation clinique, du dépistage des troubles susceptibles d’entraver les apprentissages (bilan des 6 ans), de la mise en place de projets personnalisés d’accueil pour les enfants porteurs de maladie ou de
handicap, des visites d’orientation et d’aptitude à l’enseignement professionnel,…

Ils contribuent à la réussite scolaire des élèves.

Ils reçoivent les enfants scolarisés et leurs familles, permettent la mise en place des suivis médicaux et psychologiques nécessaires et travaillent en collaboration avec les personnels de l’éducation nationale et les professionnels extérieurs, libéraux ou d’établissements de soins.

Comment faire pour remplir cette mission nationale de service public quand les effectifs dont ils ont la charge augmentent d’année en année. Les médecins doivent faire des choix: dans les Bouches du Rhône, moins de 30% des enfants de 6 ans ont bénéficié cette année d’un dépistage visuel, auditif et d’une visite médicale.

La politique de revalorisation du ministère de l’éducation nationale n’est pas suffisante pour rendre attractive la profession et ne permettra pas d’entraver la disparition programmée de ses médecins: il ne reste plus que 1000 médecins pour douze millions d’élèves sur le territoire national, 42% seront partis à la retraite d’ici 2019. Ce sont les médecins les plus mal payés de la fonction publique.

Les médecins de l’éducation nationale s’interrogent sur les politiques nationales et académiques

Les médecins de l’éducation nationale s’interrogent sur les politiques nationales et académiques, sur la volonté de maintenir un service de qualité dans l’intérêt des élèves et de leurs familles, sur la volonté d’une véritable politique de recrutement des médecins et d’une nécessaire définition d’un travail en collaboration avec les autres personnels de santé de l’éducation nationale. Ils ne veulent pas être acteurs d’une restriction toujours croissante et programmée du service rendu aux élèves.

Ils ne peuvent se résoudre à accepter l’inacceptable

Ils ne peuvent se résoudre à accepter l’inacceptable : la perte de chance pour les élèves et l’abandon de cette médecine de prévention voulue pour tous.

La prévention des difficultés le plus précocement possible et la réussite scolaire sont pourtant des éléments indispensables de l’épanouissement des individus et conditionnent leur vie future.
Ils souhaitent que leurs préoccupations de maintenir à un bon niveau ce service médical à l’intention des élèves soient entendues et ils ne peuvent imaginer que les choix qui leur sont demandés ne soient que de leur responsabilité.

Si « le service public est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas», la médecine scolaire doit rester un service public pour tous.

Docteur Dominique AGUIR, déléguée académique du Syndicat National des Médecins Santé Publique de l’Education Nationale/Sgen-CFDT

Docteur Annie Chartreux, déléguée académique du Syndicat National des Médecins Scolaires et Universitaires/UNSApersonnels santé et sociaux de l'éducation