Le livre VIII du code rural, porte les missions de l'enseignement agricole, elles étaient au nombre de 5 et depuis l'adoption de la loi orientation agricole une sixième mission a vue le jour.
Loi d’orientation agricole : Tout est dans la sémantique
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Transition agroécologique : le fleuron de l’enseignement agricole
Du 1er mars au 30 juin 2025, les établissements d’enseignement agricole publics et privés sont invités à participer au Printemps des transitions, dans le cadre du plan « Enseigner à produire autrement pour les transitions », dit « EPA2 ».
Mais le mot transition a disparu, comment faire?
Un nouveau document d’accompagnement, « Former aux transitions » accompagne les enseignants et formateurs face aux défis des transitions. Ce document est fait pour répondre aux enjeux actuels. il s’adresse à tous les acteurs éducatifs, quels que soient leurs champs d’intervention. Il a été écrit par l’inspection de l’enseignement agricole, il y a quelques mois.
Le travail des inspecteurs de l’enseignement agricole foulé au pied?
L’ensemble des ressources sont disponibles sur la plateforme de l’ENSFEA : https://www.ensfea.fr/
Ces ressources ont pour vocation d’aider les acteurs de l’enseignement agricole à entrer dans la dynamique d’un travail collectif en établissement sur l’enseignement des transitions et de l’agroécologie.
Ce document de juin 2024, présenté par l’inspection, tout comme le printemps des transitions, risquent de voir leur avenir sérieusement compromis.
Le travail de plus d’une décennie balayé d’un revers de manche.
Transition agroécologique versus adaptation environnementale et climatique
Lors de la bilatérale Ministre le 4 Février 2025, La CFDT Éducation Formation Recherche Publiques s’est déclarée très attachée à la formulation de la sixième mission en devenir, et notamment dans sa dimension « transition agroécologique et climatique ».
Malgré cet attachement, ce ne sont plus les transitions, mais les adaptations qui sont aujourd’hui de mise. L’agroécologie devient l’environnement.
On ne peut que saluer l’énergie de la ministre à défendre cette loi d’orientation agricole.
Mais la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques ne peut que déplorer que certains amendements confondent idéologie et pragmatisme.
L’enseignement agricole porte une ambition. Il s’agit d’engager l’agriculture dans une transition vers de nouveaux systèmes de production. Des systèmes performants dans leurs dimensions économique, environnementale et sociale. L’enseignement agricole porte cette ambition depuis la présentation du projet agroécologique pour la France en 2012 . Mais ça c’était avant.
L’enseignement agricole va devoir changer de braquet.
En 2014 le plan « enseigner à produire autrement » (EPA) vient en soutien de la politique publique de 2012. Il traduit dans l’enseignement agricole par un accompagnement des enseignants et la rénovation des référentiels de diplôme pour y intégrer la transition agroécologique. Ces deux termes disparaissent.
La CFDT EFRP ne peut que s’alarmer de ce changement de politique publique, car c’est bien tout le fondement de nos enseignements qui va être impacté.
Mais qu’à cela ne tienne, un des amendements prévoit déjà la parade. L’État et les régions mettent en œuvre un programme national triennal. Il s’agit d’un programme de formation accélérée pour l’acquisition de compétences en matière d’agronomie, de zootechnie et de solutions techniques et scientifiques innovantes. Formations relatives aux adaptations climatique et environnementale à destination des professionnels de l’enseignement, de la formation, du conseil et de l’administration travaillant dans le secteur de l’agriculture.
Malgré ce que la ministre a affirmer en bilatérale, les mots ont une importance. Inventée par George Orwell pour son roman d’anticipation 1984 (publié en 1949), la novlangue restreint l’étendue du langage. Restreindre le langage c’est restreindre la pensée.
La CFDT EFRP constate que l’enseignement agricole entre dans une dystopie (étymologiquement -mauvais lieu-), dans laquelle tout est à repenser, à écrire, et de préférence de manière « accélérée ».
L’enseignement agricole ne sort pas grandi de ce changement de politique publique. La CFDT EFRP ne saurait cautionner ce revirement. Il faudra davantage qu’une manipulation sémantique pour désamorcer les rapports de force.