Déclaration du Sgen- CFDT à la réunion de préparation de rentrée du lundi 18 mars 2024.
Monsieur le Recteur, Monsieur le directeur académique, Mesdames et Messieurs les directeurs académiques adjoints, chers collègues, bonjour,
Nous vous remercions de donner, une nouvelle fois, la parole aux organisations syndicales.
Nous vous remercions également pour la tenue de cette réunion, la 3ème pour une préparation de rentrée dont on sait tous ici à la fois les incohérences et les contradictions. C’est dire si le sujet est préoccupant et enflammé.
Commençons d’abord par l’état de notre profession.
Le malaise et la lassitude sont bien prégnants. Et pour être plus francs, nous devrions parler de ras le bol. C’est toute une profession qui est fatiguée, désabusée et une partie est en burn out.
Nous sommes plus d’une centaine aujourd’hui ; nous étions plus de 11000 ce jeudi 14 mars pour le dire et l’écrire, pour relever les dissonances entre le dire et le faire, entre les objectifs à atteindre et les moyens mobilisés quand on rabote l’Education Nationale de 692 millions d’euros.
Pourquoi les cimes sont-elles toujours sourdes au conflit de valeurs qui secoue notre profession ? Pourquoi enfermer nos ingénieries pédagogiques dans son modèle unique imaginé depuis la rue de Grenelle alors qu’on nous rebat les oreilles d’autonomie et « d’ initiatives locales » ?
C’est donc le modèle structurel et organisationnel de l’enseignement qui se dessine que nous interrogeons une nouvelle fois et un conflit de loyauté qui se pose à nous à plusieurs niveaux au regard des textes parus ce dimanche 17 mars et au regard du rôle du CE qui veille à l’application des lois et règlement :
- Au niveau des attributions du conseil d’administration, parmi ses compétences, il y a la constitution des classes et des groupes. Le chef d’établissement est l’exécutif d’un EPLE chargé de mettre en œuvre les décisions prises en conseil d’administration. L’arrêté paru ce dimanche ignore- t- il les compétences du CA ?
- Au niveau de la hiérarchie des normes. La composition des classes et des groupes relève du décret. Les groupes de niveau relève d’un arrêté.
- Au sein même de la fonction d’un chef d’établissement, représentant de l’Etat : quand le 1erministre s’exprime, il emporte la cause de l’Ecole à Matignon. Quand c’est le Président de la République, il parle de doubler le volume horaire de l’EMC et de la mise en œuvre du théâtre. Nous en sommes tout de même au 5ème arrêté modificatif du décret relatif à l’organisation des classes de collège depuis 2015 et la 12ème réforme du collège depuis 1975.
Nous finissons par perdre le fil. Serions-nous chargés de bien plus que de la mise en œuvre des politiques publiques d’éducation ?
Or, enfermer les élèves dans des groupes homogènes contrevient au code de l’Education qui stipule bien que la mise en œuvre des modalités de différenciation relève de l’autonomie de l’établissement. On se demande là si la parole de premier ministre prévaut sur la règle.
Nous avançons depuis 2 ans sans texte réglementaire pour préparer la rentrée scolaire au collège. Mais on note que là-haut, on aura été plus prompt à diffuser les textes sur le calendrier des procédures d’orientation et du dernier tour d’affectation des élèves (avant le 19 juillet) que de préparer la rentrée prochaine tout en nous affirmant à quel point les personnels de direction sont la pierre angulaire d’un système qui, in fine, a perdu sa boussole. Nous finissons par nous demander où se trouve notre ministère : à l’Elysée, à Matignon ou rue de Grenelle.
On fait aussi vite que l’on défait au collège : qui a connu ces 10 dernières années plusieurs réformes et changements majeurs, peu ou pas évalués. Je ne parlerai là que de la dernière en date de l’accompagnement (soutien ou approfondissement) en 6ème qui n’a duré qu’un an…sans aucune évaluation publique.
Mais a-t-on seulement anticipé les difficultés inhérentes à la mise en place du « choc des savoirs » au collège :
celui des professeurs principaux, les répartitions de services des professeurs, les nombreux professeurs de maths et de français absents toujours non remplacés à ce jour, les contraintes matérielles des établissements scolaires, et plus avant les moyens horaires alors qu’on a du remonter nos DGH et les TRM avant la parution des textes… On se demande s’il est encore bien opportun de s’intéresser au devenir du socle commun. L’application de la règle des groupes de niveaux ou de besoins s’appliquera t’-elle au privé ?
Si nous avons bien entendu de la souplesse dans l’organisation en invoquant l’autonomie des EPLE, cette dernière est bien ténue et réaffirme un principe de séparation des élèves dans deux disciplines majeures qui occupent 35 % de leur temps scolaire.
Les experts pédagogiques au sein de nos équipes, pilotées de concert avec les corps d’inspection le savent bien et trouver les meilleures solutions d’organisation en fonction des réalités locales est notre quotidien, aussi la confiance doit être de mise et non la dictée de méthodes imposées qui viennent fracasser l’accompagnement de parcours d’élèves et particulièrement des EBEP dont les besoins sont multiples.
Les familles et les élèves, comme les personnels qui sont leurs interlocuteurs, ont besoin de savoir que chacune et chacun pourra évoluer dans des classes et y trouver les ressources nécessaires à leur progression sans distinction. Pour l’estime de soi et le bien-être des élèves (qui sont aussi une priorité nationale) il ne peut en être autrement mais plus globalement pour préserver le climat serein au sein de nos établissements scolaires.
Nos établissements ont davantage besoin de personnels formés et en nombre suffisant, des équipes de direction complètes, des enseignants, des CPE, des personnels de vie scolaire, des AESH, des personnels de santé, sociaux, des psy-EN, bref de toutes celles et ceux qui concourent à la réussite de tous les élèves qui nous sont confiés. Les professeurs ont besoin d’ être accompagnés par les IA-IPR.
Pour finir, face aux demandes croissantes de diversification des missions et aux défis pédagogiques toujours plus complexes.
Y aura-t- il un choc statutaire à la hauteur de nos missions qui ont été considérablement alourdies ?
Monsieur le Recteur, cela fait quelques années déjà que le Sgen- CFDT alerte : les digues que représentent les personnels de direction sont fragilisées…le Sgen-CFDT ne peut que redire combien elles le sont plus encore.
Nous vous remercions de votre écoute.