Le mot de bienvenue à Madame la Préfète dans le 04

Pour le premier Conseil Départemental de l'Education Nationale de Madame Tomatis, novice en la matière, les représentants du Sgen-CFDT Provence Alpes ont pris soin de lui peindre deux scènes instructives dans leur Déclaration Liminaire...

Nous sommes réunis ce jour afin de faire le bilan de la rentrée 2025 et d’échanger sur la dotation de fonctionnement des collèges pour 2026. Plutôt qu’un énoncé général sur nos accords et désaccords avec les orientations politiques et budgétaires qui nous guident, cette déclaration propose un arrêt sur image de quelques exemples banals mais révélateurs des difficultés que rencontrent les élèves, les parents et les équipes éducatives.

Qu’allions-nous donc faire sur ces tablettes ?

Lundi 9h05, classe de 4e Z au collège Y, 23 élèves dont les noms ont été changés. Le professeur a préparé des programmes de révisions différentiés afin que chacun travaille selon ses besoins en accord avec les attentes légitimes de l’institution. Point d’exercice standard projeté au tableau ici mais des supports diversifiés sur la tablette, dans le casier numérique de l’ENT, sur un cahier numérique de l’ENT, sous forme d’exercice dans l’ENT ou bien encore dans le livre numérique. 9h06, 6 tablettes ont été oubliées à la maison, 3 sont cassées mais Arthur qui les réparait l’an dernier n’a pas été remplacé. Il faut les renvoyer au conseil départemental.

Ce n’est pas grave, réorganisation des îlots pour assurer une meilleure répartition des tablettes présentes. 9h08 Paul a perdu ses codes, oui il est bien allé en chercher de nouveaux au secrétariat vendredi mais ils sont restés sur son bureau à la maison. Ce n’est pas grave, Paul travaillera avec Pierre qui a sensiblement le même programme, 9h09 Pierre est à 10 %, comment fera-t-il cet après-midi pour GéoGébra ? Il va être puni alors que ce n’est pas sa faute. 9h10, Mohamed n’a pas téléchargé les manuels, il ne savait pas qu’il fallait les télécharger et il n’a pas de wifi. Mais si Mohamed, il faut aller dans tes paramètres, en effet pas de connexion, Mohamed travaillera avec Jacques, après tout ils ont presque le même programme 9h12 Sophie n’a encore rien fait, qu’attend-t-elle ? Son père n’a pas pris RDV pour la tablette mais elle a son cahier et son fichier d’exercices. Sophie n’a pas le choix, elle travaillera donc avec Mohamed et Jacques, elle peut les aider, elle maîtrise déjà le passé, tant pis pour les participes, au prochain cours. Pénélope va changer de place avec Sophie.

9h20 Pénelope regarde un tuto de point de croix, ce n’est pas son programme de révisions, la tablette ce n’est pas pour s’amuser, Pénelope boude, elle préfère la broderie à la conjugaison. 9h25, Brutus n’a plus de wifi pour aller sur son exercice en ligne mais ce n’est pas grave, il va faire un partage de connexion avec son téléphone portable. Non, c’est interdit le téléphone portable au collège. Brutus fait toujours ça pourtant…toi aussi Brutus? Rangez les tablettes, tout le monde regarde le tableau.

Il est encore tôt et les équipes éducatives sont épuisées par le manque de moyens humains et techniques. Une tablette sans personne référente physiquement présente dans le collège et capable d’assurer le dépannage, l’accompagnement technique auprès des élèves et des parents nourrit plutôt que ne réduit la fracture numérique.

Cataclysme en maternelle

Quelque part dans le Sud du département, une enseignante chevronnée a regroupé ses élèves comme tous les jours dans le coin dédié de sa classe de Grande Section dédoublée. Soudain un bruit de cataracte fait sursauter enfants et adultes. Invisible derrière une cloison de cette classe presque neuve, l’eau retenue en très grande quantité on ne sait comment ni depuis combien de temps s’écoule en cascade. Cela s’est passé l’an dernier. Les enfants et leur maîtresse sont restés anxieux. Du même côté de la classe, le plafond a fui pendant des mois et sur les murs sont apparues des traces de coulure. Tous les soirs il fallait bâcher des meubles, du matériel et des livres. La Mairie fait-elle le nécessaire ? Mystère ! Au mois de septembre 2025, au même endroit au cours d’une nuit, environ 2 m2 du plafond se sont effondrés. L’enseignante ne voulait plus rester dans cette classe. Elle n’a pas le choix. La Mairie assure que ce n’est rien. Pourtant, notre collègue montre à qui veut bien s’y intéresser qu’une zone du plafond présente aujourd’hui le même aspect gonflé et noirci que celle qui est tombée et où s’observe désormais un très gros trou. Il semble que l’IEN concerné ne se soit pas trop inquiété de la situation.

Les élus du Sgen-CFDT restent persuadés qu’un chemin existe pour que l’on puisse améliorer le système et les conditions de travail des élèves et des personnels. Cependant, il est urgent d’entendre les difficultés matérielles réelles auxquelles les personnels sont confrontés pour atteindre les objectifs ambitieux que nous souhaitons tous.

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